Est-ce que WordPress et le SEO font bon ménage ?  La vision du co-fondateur de WPChef, Nicolas Richer.

Qui es-tu, Nicolas ?

Salut Laurent, je suis Nicolas Richer, formateur et dirigeant de WPChef : un organisme de formation et de certification autour de WordPress. Nous formons surtout les futurs freelances qui vendront ensuite leurs prestations de création de sites. Mais avec une approche no-code, on ne touche pas au HTML, CSS ou PHP. Et cette marque de fabrique n’est pas innocente : j’ai fait des études de marketing avant de finir dans l’écosystème WordPress !

On peut le dire à celles et ceux qui nous lisent d’ailleurs : on s’est connu toi et moi quand j’étais alternant chez un éditeur de logiciel SaaS chez qui tu intervenais en tant que consultant SEO.

Du coup, c’est à tes côtés que j’ai pu apprendre le plus gros du référencement naturel et je dois dire que ça me sert énormément aujourd’hui ! C’est également quelque chose que l’on transmet aux personnes qui se forment chez nous : des bases de SEO sont indispensables lorsqu’on crée des sites !

Que fais-tu en dehors du travail ?

Je passe la quasi-intégralité de mon temps libre avec ma femme et mes enfants : on fait beaucoup de sorties autour de chez nous, sur l’île d’Oléron.

J’aimerais dire que j’ai des loisirs et des passions dans tous les sens mais en réalité, j’ai pris une petite retraite musicale. J’espère toutefois en sortir ! Mais ce ne sera qu’une fois qu’on aura déménagé et que les enfants seront plus grands : on est un peu à l’étroit dans notre maison actuelle et je ne peux pas faire de bruit à l’heure que je veux !

WordPress, c’est bien ?

Je vais te répondre « oui », tu t’en doutes bien ! Je trouve ça fou que n’importe qui puisse créer des sites sans trop de formation. Ou même sans formation du tout, à l’aide de tutoriels.

Auparavant, il fallait apprendre le code, il fallait gérer tout l’aspect « hébergement » et maintenant ce n’est quasiment plus nécessaire, tellement c’est facile !

Cela veut dire que l’on peut se concentrer sur le plus important : tout ce qui fait qu’un site n’est pas juste un assemblage technique mais un outil de communication.

On peut donc se préoccuper en priorité de concevoir des sites beaux, convaincants, bien référencés… c’est un peu mon combat d’ailleurs.

Certains voient encore les webmasters WordPress comme des prestataires techniques mais j’aimerais changer cette vision en formant des personnes qui, justement, mettront en avant tout le reste.

Quels types de projets web montent tes anciens stagiaires ?

Principalement des sites vitrines et des blogs, je dirais. Mais c’est le reflet de ce que nous leur apprenons puisque nous n’avons pas encore de formations sur d’autres types de site comme des e-boutiques, des espaces membres,…

De ce que tu vois, il s’en sortent bien ?

Certains s’en sortent très bien, deviennent des freelances et enchaînent les missions. On arrive à les suivre sur les réseaux sociaux.

Mais après c’est très variable, ça va dépendre de leur projet initial, de leur motivation, de plein de facteurs externes (le Covid qui a parfois bouleversé les priorités)… ce qui est normal !

Toutefois, on sent qu’on ne prend pas assez le temps de communiquer avec les personnes qui se sont formées chez nous, c’est un point sur lequel on aimerait s’améliorer à l’avenir pour garder plus de lien et les accompagner dans leurs problématiques quotidiennes.

Comment évolue l’offre de formation de WPChef ?

Pour l’instant, nous n’avons qu’une seule formation : la formation WordPress. Elle est déjà dans sa deuxième version et nous l’améliorons en continu.

Je suis justement en train de refondre plusieurs parties afin d’être à jour sur tout ce qui concerne Google Analytics, le RGPD et le consentement des cookies.

Et ce travail de mise à jour continue est très prenant : dès qu’un thème ou une extension évolue, on doit « rustiner » nos vidéos ou ajouter des précisions dans nos cours. C’est prenant mais ça assure à nos stagiaires de formation qu’ils ont un programme qui montre toujours les interfaces les plus récentes.

Sinon, nous sommes en train de produire une formation WooCommerce qui sortira l’an prochain. C’est un gros morceau ça aussi puisque les problématiques des sites e-commerce sont très différentes de celles des sites vitrines.

Mais pour sortir un programme, il nous faut un an de travail en amont ! C’est principalement du temps de recherche, de rédaction, d’harmonisation entre les formateurs et formatrices… C’est un énorme chantier pédagogique qu’on ne doit pas louper : une fois la formation sortie, on n’a pas envie de retourner en studio pour la retourner intégralement !

Que racontes-tu sur le SEO dans ta formation ?

On montre les bases pour que, même si un référenceur venait travailler sur le site d’un de nos freelances, il ait une bonne fondation et qu’il ne doive pas tout refaire.

On commence donc par parler d’architecture de contenu et d’arborescence, de structure de contenu (avec la hiérarchie des titres, bien sûr), d’étude lexicale, d’optimisation des métadonnées avec Yoast SEO notamment, d’ergonomie et de webdesign (pour le SXO), d’optimisation des performances (pour les Core Web Vitals), de sécurité (pour ne pas se faire hacker), d’indexation, de mesure d’audience (pour mesurer les résultats)

On apporte une vision globale qui va leur servir de socle ; ils pourront ensuite se spécialiser en référencement naturel s’ils le souhaitent, afin d’apporter plus de valeur à leurs clients.

WordPress, c’est bien pour le SEO ? Tu améliorerais quoi ?

Je ne toucherais pas à grand-chose en fait, d’autant plus qu’il faut différencier le cœur de WordPress, des thèmes et des extensions.

On pourrait peut-être vouloir un peu plus de fonctionnalités du côté du cœur, comme l’édition des titres SEO et des méta descriptions en natif… mais que ce soit dans des extensions spécialisées ne me semble pas déconnant.

D’ailleurs, il y en a ensuite pour tous les goûts entre Yoast SEO, All-in-One SEO, RankMath, SEOPress, SEOKey… chacun a une approche légèrement différente des autres, ce qui peut convenir à certains profils.

Personnellement, Yoast SEO me va très bien : c’est l’outil que l’on recommande aux débutants parce que c’est celui qui propose le moins de fonctionnalités qui permettraient de faire des bêtises en SEO.

Et pourtant, il y en a déjà un bon paquet ! Tout notre travail en tant que formateurs est justement de prioriser les fonctionnalités et de guider les novices. Ainsi ils font une bonne configuration de base puis ils optimisent les métadonnées et ils prennent les recommandations de Yoast SEO avec des pincettes (les pastilles rouges/oranges/vertes).

Quels thèmes te semblent bons pour le SEO ?

Je pense que cette question n’a plus lieu de se poser de nos jours. Auparavant, les thèmes faisaient la pluie et le beau temps dans WordPress, c’est vrai.

Mais avec l’avènement des constructeurs de pages (Elementor, Divi…), de Gutenberg (l’éditeur de blocs) et du Full Site Editing prochainement (c’est encore réservé aux profils techniques), les thèmes ne gèrent plus grand-chose.

Donc dans l’absolu, n’importe quel thème populaire récent (Astra, GeneratePress, Kadence, Blocksy…) apportera tout autant que ses concurrents en SEO : pas grand-chose.

Pour moi, ils ne pèsent plus beaucoup dans la balance ! À la limite, c’est plutôt le choix de l’éditeur (Gutenberg, Elementor, Divi…) qui joue maintenant.

Quels sont les aspects du SEO que les stagiaires / éditeurs de sites WordPress peuvent faire tout seul ?

À mon avis, ils peuvent déjà faire un beau bout de chemin seuls. D’autant plus avec une démarche innocente, peu influencée par le SEO.

Je veux dire par là qu’ils concevront des arborescences assez classiques, guidées par le bon sens. Ils partiront dans de petits silos naturellement, rédigeront pour leurs visiteurs et bloggueront sans chercher à dominer les SERP en ciblant toutes les requêtes de leur secteur.

Mais ils devront s’arrêter dès qu’il sera question d’optimiser chaque pilier du SEO en profondeur :

  • Ils ne pourront pas optimiser le pilier technique en étudiant les logs, en déchargeant des scripts pour améliorer les performances ou en obfusquant des liens pour optimiser le maillage interne ;
  • Ils n’iront pas travailler leurs corpus ou leurs densités lexicales, ils ne concevront pas de cocons sémantiques ou d’autres approches qui n’auront que le SEO pour seul but ;
  • Et pour ce qui est de la popularité, c’est probablement le plus compliqué. Mais ils peuvent très bien acheter des liens sur des plateformes de netlinking si le démarrage est compliqué !

A quel moment doit-on faire appel à un spécialiste SEO selon toi ?

Dès qu’un secteur est très concurrentiel, il faut faire intervenir un référenceur le plus tôt possible. Parce que c’est facile de rendre des sites visibles lorsqu’on est sur des niches ou des activités très locales. Mais dès qu’il y a des acteurs implantés depuis longtemps, qu’on cible de grandes villes ou des marchés plus grands encore, un expert fera gagner beaucoup de temps et de sueur !

Les interviews de La Mandrette


Laurent Peyrat, expert SEOL’auteur : Laurent Peyrat dirige La Mandrette, qu’il a fondé en 2016. Il pratique et enseigne le SEO depuis plus de vingt ans. Titulaire d’un M2 E-business, il donne aussi plusieurs conférences chaque année.