Avant de mesurer le rapport coût / bénéfice d’un backlink, on qualifie l’intérêt du spot, c’est-à-dire du site sur lequel apparaîtra le lien.

La première question que le référenceur doit se poser n’est pas de savoir à quel prix il achète un lien, mais s’il s’agit d’une bonne idée.

Pourquoi acheter des liens pour le SEO ?

Petite piqûre de rappel théorique : les trois piliers du SEO

Le rôle du SEO est de faire plaisir à l’algorithme des moteurs de recherches pour faire remonter les pages d’un site dans les premiers résultats pour des requêtes spécifiques. Pour cela, le référenceur travaille sur trois paramètres principaux :

  • L’optimisation technique du site : sa structure, le maillage interne, la correction des erreurs, la performance, la crawlabilité, etc.
  • Le contenu : la sélection des requêtes à cibler, la stratégie éditoriale, les sujets traités, la longueur des textes, la sémantique, l’optimisation on page, etc.
  • Le netlinking, qui nous intéresse ici : le nombre de liens présents sur la toile qui pointent vers le site que l’on veut faire remonter dans la SERP, de domaines référents et bien sûr, leur intérêt (autorité et thématique).

Un bon netlinking joue à la fois sur la quantité (volume de liens et domaines référents) et la qualité des liens et des domaines d’où ils proviennent. Pour en savoir plus, c’est par ici.

Quelques années après que l’on ait su l’importance du netlinking pour le référencement naturel, les plateformes permettant d’en obtenir se sont multipliées. On se rappelle des sites de communiqués de presse gratuits et des annuaires en tout genre, qui n’avaient d’autre but que de spammer l’algorithme de Google. Mais celui-ci a resserré la vis et entrepris plusieurs opérations de nettoyage au fil du temps en pénalisant ces plateformes mais aussi les sites dont le référencement était trop dépendant d’elles.

Ce type de plateformes n’a pourtant pas disparu, bien au contraire.

Les sites d’achat de liens

Les plateformes proposant d’acheter des liens pour le SEO ne cessent de se multiplier. Il suffit de taper achat de liens SEO dans votre navigateur préféré pour en avoir la preuve. Mettant en place des stratégies plus ou moins discrètes et recommandables, leur promesse est la même : obtenir des liens en quantité sans effort et (soi-disant) de qualité pour booster votre référencement.

Le netlinking payant est-il risqué ?

En la matière, la position de Google est limpide : « Tout lien destiné à manipuler le classement dans les résultats de recherche Google peut être considéré comme un lien toxique». L’article sur les règles concernant le spam de Google Search Central ne laisse aucune place au doute en citant comme 1er exemple de manipulation : « Les liens achetés ou vendus à des fins de classement ».

Mais alors… Si Google condamne, pourquoi acheter des backlinks ?

Parce que ça marche ! S’il y a une telle offre c’est que la demande existe. Et si les référenceurs de France, de Navarre et d’ailleurs achètent des liens, c’est bien qu’ils y trouvent un intérêt suffisant pour risquer d’aller à l’encontre des commandements de Google.

Quels sont les risques ?

Des trois piliers SEO, le netlinking est le facteur de performance le plus puissant… C’est donc le plus surveillé et le plus pénalisé par Google.

Aujourd’hui, pas de pénalité en vue pour les plateformes de ventes de liens… Mais demain ? Google va-t-il pénaliser ? Et qui ? Les plateformes ? Les spots sur lesquels elles vendent les backlinks ? Les sites recevant des liens de ces sites ? …

Nicolas Mercatili et Didier Sampaolo, respectivement cofondateurs de SemJuice et Soumetttre.fr nous donnent leur avis :

Si ni l’un ni l’autre ne paraît inquiet (n’oublions pas qu’ils sont juges et partie dans cette affaire…), cela ne signifie pas pour autant qu’il faut se passer de prudence.

Aujourd’hui, acheter des liens présente à priori peu de risque. La position de Google est, depuis 2018, l’annulation de l’effet de ces liens, plutôt que la pénalisation de l’émetteur et du destinataire. Mais cela signifie-t-il pour autant que l’on peut acheter tout et n’importe quoi ? Surtout pas ! N’oublions pas que Google est contre et que si aujourd’hui les plateformes de netlinking restent sous les radars, c’était aussi le cas de leurs devancières des années 2010… pendant un temps.

J’y vais ou j’y vais pas ?

Quand acheter des liens pour le SEO ?

On ne le répètera jamais assez : l’achat de liens sponsorisés ne doit en aucun cas être la base de votre stratégie de popularisation. Mais dans certains cas, faire du netlinking payant tout en respectant les précautions listées ci-après, peut être opportun :

  • Quand on est déjà allé chercher tous les liens qu’on pouvait (réseau, articles invités, relations presse…)
  • Quand on n’a pas d’autre choix : thématique ultra précise, ne présentant que peu d’intérêt pour le grand public.
  • En bref : on achète des liens quand on a déjà des vrais liens obtenus « naturellement » et l’on prend un risque modéré

La reco La Mandrette 

Il faut être parano… un peu mais pas trop. Parano, mais pas au détriment de la recherche de performance. Alors, si vous vous lancez dans l’achat de liens, voici quelques conseils :

  • Varier les sources de liens et ne pas être dépendant d’une seule source dont le réseau de sites partenaires pourrait être identifié et être la victime d’une action ciblée de Google, faisant plonger votre site dans les méandres du web par effet de ricochet.
  • Paraître « naturel » dans le rythme auquel on acquiert de nouveaux liens.
  • Faire preuve de modération en gardant un ratio liens naturels / liens achetés qui fait la part belle aux premiers.
  • Choisir les spots en faisant preuve de vigilance.

Éviter les spots « cramés »

Pour éviter le risque, mieux vaut s’abstenir de s’acoquiner avec des sites conçus uniquement pour vendre du lien. En plus d’être facilement repérables par Google le jour où il décidera de pénaliser, ces sites sont de véritables « fermes à liens » qui ne proposent que des liens avec un faible link juice.

Comment les reconnaître ?

  • Étudiez leur ratio pages indexées / liens sortants.
  • Faites un tour sur leur page « Mentions légales » : s’ils n’en ont pas, si c’est une image ou quoi que ce soit d’autre que du html… fuyez !
  • Observez la cohérence des thématiques des articles : si un article indiquant comment nettoyer la cage de votre hamster préféré cohabite avec un article sur la dématérialisation des bulletins de salaire… Cherchez l’erreur.
  • Repérez les sujets d’articles qui n’intéressent personne (ou presque) ou les articles clairement rédigés pour promouvoir une entreprise en particulier et ayant des liens sortant vers un unique nom de domaine.
  • Remarquez les sites truffés de publicités.
  • Identifiez les liens à un prix très (trop ?) attractif.
  • Etc.

Même s’ils rankent et ont du trafic ?

« Peu importe qu’un site conçu pour vendre des liens ranke ou non : pour mes clients, je n’y vais pas, nous dit Laurent. C’est trop fragile, instable et sujet à une potentielle pénalité. »

Avant de nuancer : « Ils peuvent tout de même représenter un intérêt si ces liens sont peu chers et si leur achat s’inscrit dans une stratégie plus globale de netlinking incluant des liens de meilleure qualité (2e ou « e niveau par exemple) ».

Mais alors, c’est quoi un bon spot ?

Un bon spot c’est un site qui a un ratio intérêt / risque élevé. Pour Laurent, le 1er critère pour qualifier un spot, c’est son visitorat.

Pour avoir si un spot de netlinking a un véritable visitorat, on peut par exemple regarder le volume de recherche associé à son nom.

Comme toujours, l’exception confirme la règle : certains sites n’ont pas ou peu de visitorat mais bénéficient d’un taux de confiance très élevé. Nous pouvons penser à tous les sites dont le sujet et l’écosystème font qu’ils recueillent constamment des liens d’excellente qualité, sans pour autant faire le moindre effort SEO d’optimisation de page ou autre.

C’est par exemple le cas de sites de niche très pointus, institutionnels et/ou s’adressant à un public expert. Ces sites ne sont pas faits pour le SEO et avoir un lien chez eux peut être un véritable challenge. Mais dans ce cas, on n’est plus dans le cadre d’une stratégie de netlinking payant. Charge au référenceur d’être rusé ! 🦊

Maintenant que ces bons conseils ont été prodigués… Un éditeur vous propose une offre de spot qui paraît alléchante ? Avant de sortir votre porte-monnaie, essayons d’identifier quels liens acheter et à quel prix.

Combien payer pour un backlink ?

Comme souvent en SEO, la réponse c’est « ça dépend ». Du spot (vous l’aurez compris), de votre stratégie, de votre budget, de vos besoins…

Comment estimer le juste prix d’un backlink ?

Une fois qu’on considère que le spot est bon, reste à savoir combien on est prêt mettre sur la table pour obtenir le fameux lien. Qu’il s’agisse d’un achat de lien clairement annoncé ou bien d’une stratégie visant à l’obtenir (rédaction d’un article invité, création d’une fiche sur un annuaire, linkbaiting ou autre) : tout backlink a un coût.

Pour estimer combien de temps et/ou d’argent y consacrer voici une liste de facteurs à prendre en compte :

  • L’autorité du nom de domaine : on évalue la puissance de son profil de backlinks en regardant le nombre de liens entrants, de domaines référents, mais aussi leur propre autorité (un lien du lemonde.fr ne donne pas le même signal qu’un lien de mespotins.io). On parle de Domain Autority chez Moz, de Trust Flow chez Majestic, d’Authority Score chez SemRush ou encore de Domain Rating chez Ahref.
  • La santé SEO générale du site : le nombre de pages positionnées en top 10, top 100, (et sur quelle(s) thématique(s)), l’évolution du trafic dans le temps, la rapidité d’indexation des pages, etc.
  • Le niveau de profondeur du spot : le lien apparaîtra-t-il en page d’accueil ? Sur une page accessible à un clic de celle-ci ? Sera-t-il placé dans une sous-sous-catégories bien cachée ? Plus l’article sur lequel sera placé votre backlink sera proche de la page d’accueil, plus il sera puissant.
  • La thématique : est-ce que la thématique du site est en lien avec la vôtre ? Est-ce que ce site remonte sur des mots-clés en lien avec votre corps de métier ? Y-a-t-il une cohérence sémantique au sein du site ?
  • La qualité de la rédaction : il suffit de se rendre sur les articles déjà en ligne du site pour évaluer s’il s’agit d’articles rédigés à seule fin de nourrir les algorithmes des moteurs de recherche ou en vue d’être lus par des humains.
  • Le nombre de liens sortants : un petit crawl permet de découvrir le ratio nombre de liens sortants / nombre de pages indexées afin de savoir si l’éditeur multiplie les liens externes à outrance.
  • L’exclusivité du spot : s’agit-il d’un lien obtenu grâce à une relation directe, et donc difficilement reproductible par vos concurrents, ou bien en passant par une plateforme qui vend les mêmes spots à tout le monde ?
  • Le lien lui-même : est-t-il placé sur une ancre, une image, l’url du site ou le nom de la marque ? Est-ce un lien direct (sans redirection) ? Avec ou sans attribut nofollow ? Pouvez-vous choisir vers quelle page de votre site il pointe ?

En la matière, chaque référenceur a ses petite manies, issues de son expérience et de ses observations.

Le mot de la fin : diluez le risque !

Acheter des liens pour le SEO, pourquoi pas. Cela peut s’avérer utile voire nécessaire et terriblement efficace. Mais gardant une sage dose de paranoïa pour rester sous le radar de Google et en imaginant le pire : une action ciblée de Google contre les plateformes de vente de liens et/ou les sites conçus pour ce business. Jamais au détriment d’une stratégie de linkbuilding diversifiée : en faisant jouer son réseau, via des articles invités, en allant chercher des spots gratuits institutionnels, des relations presse et influenceurs, etc.

Acheter des backlink peut – et peut-être devrait – faire partie de votre stratégie SEO. Mais si vous vous lancez, faites-le avec intelligence et modération. Bref, avec finesse. 😉


Marianne Gutierrez, experte SEO et chef de projet indépendanteL’auteur : Marianne Gutierrez, consultante webmarketing indépendante et experte SEO, s’appuie sur ses masters (TBS et IEP Toulouse) et ses années d’expérience pour accompagner certains clients de La Mandrette dans la mise en place des recommandations SEO.