Un podcast avec Laurent Bourrelly

La transcription de la conversation

Sommaire

  1. La grande époque d’Adsense
  2. Le métier de consultant SEO
  3. Linking et popularisation : comment trouver de bon liens ?
  4. Réseaux sociaux et buzz d’entreprise
  5. Comment accompagner son client en SEO ?
  6. La lutte anti-spam de Google
  7. Les autres sources de trafic qualifié
  8. Google est-il trop fort ?
  9. Fin de l’échange

Laurent Bourrelly – Monsieur Laurent Peyrat, bonsoir. Je suis content de t’accueillir, car nous allons bientôt fêter nos dix ans de collaboration virtuelle. Pour ceux qui ne te connaissent pas, pourrais-tu te présenter en moins de trente secondes ?

Laurent Peyrat – Alors, pour une présentation SEO, j’ai intégré la communauté SEO pour le concours Mangeur de cigogne. Je ne suis pas arrivé au bon moment, je suis arrivé trop tard pour le concours, je suis arrivé en plein milieu. En discutant et en créant des liens avec les collègues, j’ai pu rejoindre toute la joyeuse bande de l’époque. J’ai eu plusieurs rôles en tant qu’éditeur indépendant et e-commerçant. Depuis fin 2009 ou début 2010, je suis consultant.

La grande époque d’Adsense

LB – Parlons un peu de tes expériences passées. Tu étais un important utilisateur d’Adsense, n’est-ce pas ?

LP – Oui, j’étais l’un des grands utilisateurs d’Adsense de l’époque. De tous ceux du groupe, certains pensent que j’étais celui qui a généré le plus de revenus.

Adsense était quelque chose de très agréable. Il y a toujours beaucoup à faire avec Adsense. Pour être clair, cela a vraiment commencé avec la communauté Taggle. Tu m’as introduit dans cette communauté, mais ce n’était pas pour mes talents de référenceur. Je me souviens bien, c’était parce que j’étais actif avec Adsense. Nous utilisions une page et nous nous amusions beaucoup avec le clic. Nous avons fait beaucoup de choses, il y avait beaucoup de délires, d’optimisations de page, c’était la LPO sur Adsense. Sur les projets des collègues, j’ai pu apporter beaucoup d’informations, d’astuces, de techniques de construction de page, c’était la construction de page du centre de lecture. Cela permettait d’augmenter les taux de clics. Sur les projets expérimentaux, nous avons atteint des taux parfois effrayants.

LB – Je me rappelle d’avoir facilement atteint plus de 30% de taux global sur mon compte.

LP – Cela dépendait du bon parti pris. Tu as apporté beaucoup d’idées, et il y avait des petites étoiles sur les billets de sortie.

LB – Oui, mais toi, tu étais doué dans ce que j’appelle la gestion du blanc négatif, les espaces. Tout était bien agencé.

LP – Attends, je vais te donner un conseil parce qu’il est important. Le conseil old school. Ce livre : « La plaquette publicitaire », un ouvrage incroyable datant des années 70. Il explique tout ce que l’on fait dans une plaquette publicitaire. Il y a beaucoup d’organisations sur la vie matérielle, mais ce qui importe, c’est tout ce qui concerne le sens de la lecture. Comment diriger le regard, quel effet chaque élément a. On applique cela dans nos tests. C’est incroyable, il y a tout, bien avant l’ergonomie web. Tout est dans ce livre. Il n’est plus édité en neuf, mais on peut le trouver sur Amazon. Il contient tout ce qu’il faut.

LB – Moi, j’ai arrêté Adsense assez tôt, je pense en 2008, j’ai vraiment ralenti en 2009, j’ai tout arrêté. Et toi, à quelle époque as-tu arrêté ?

LP – Un an plus tard, en 2009. Le problème d’Adsense, c’est que le partenaire n’est pas très ouvert à la discussion. On ne peut rien faire, on ne peut pas discuter avec Google. Donc, je me suis fait supprimer des sites web de manière un peu arbitraire. A la fin, je leur demandais : « Je vais mettre ce site en ligne, est-ce qu’il vous plaît, est-ce que ça passe dans vos règles ? » Parfois, j’avais des oui, mais trois semaines plus tard, je recevais le fameux message de 72 heures. Mais il y en a déjà eu un le 14 août, c’est bon, ça va.

LB – Aujourd’hui, tu ne fais plus du tout d’Adsense ou juste un peu ?

LP – Vraiment très peu.

LB – Honnêtement, j’ai l’impression qu’il faut travailler dix fois plus pour gagner dix fois moins.

LP – Je ne sais pas, sûrement.

LB – Ce n’était pas normal par rapport aux revenus générés, qui étaient encore hallucinants.

LP – Oui, c’était un peu comme recevoir un cadeau du Père Noël.

LB – C’est certain ! Des personnes seules derrière leurs ordinateurs, cela ne pouvait pas durer.

LP – Il y avait d’autres opportunités, d’autres affaires lucratives à faire avec des CPM.

Le métier de consultant SEO

LB – Oui, nous pourrons peut-être en parler plus tard, de ce qu’on peut faire aujourd’hui en dehors des métiers de consultant. Mais ce qui est intéressant, c’est que les gens se demandent pourquoi je t’interviewe, un autre consultant en référencement. Tu es mon ami, donc il n’y a pas de souci, mais surtout, tu as une approche très passionnée des projets. Tu t’investis beaucoup, alors que moi je travaille presque tout à distance. Tu es plus sur le terrain, dans ta région, et tu prends vraiment tes projets à cœur.

LP – J’ai des clients un peu partout en France, et une visite s’impose. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais ce que l’on peut prescrire en ayant uniquement de l’information depuis l’ordinateur, un site web ou des liens, ce n’est pas suffisant. Par exemple, Aurélien Bardon m’a dit : « Le meilleur référenceur, c’est celui qui fait appliquer ses recommandations. » Dans notre métier, c’est un vrai problème. Je vois partout des recommandations, des audits payés, parfaitement exécutés, mais appliqués à seulement 20%/25%.

LB – En grand compte, je dirais même 10%.

LP – Pourquoi ? Simplement parce que les gens qui doivent les appliquer sont des chaînons dans une chaîne. Il y a des décideurs, des développeurs, et ils ont plein de raisons pour ne pas le faire. Si on veut obtenir des résultats, il faut que les recommandations soient appliquées. Pour cela, elles doivent correspondre à la culture de l’entreprise, à sa manière de communiquer. Certaines entreprises aiment les vidéos, d’autres non. Parfois, c’est une question de ressources humaines. Il y a autant de façons de populariser un site qu’il y a de sites. Il faut trouver la bonne méthode pour chaque client. Je ne sais pas faire autrement que d’aller sur place, rencontrer tout le monde, du grand patron au stagiaire, discuter avec l’agent web, les développeurs, pour comprendre ce qu’ils peuvent et veulent faire. C’est plus facile de travailler avec quelqu’un qu’on connaît. Sinon, ils voient une recommandation impersonnelle faite par quelqu’un à 500 km et pensent : « Qu’est-ce qu’il raconte, lui ? Oh, je connais mon travail, je ne fais pas ça, c’est idiot. » Alors que si on a déjà eu un contact, c’est plus facile d’appeler et de discuter. Les projets avancent mieux ainsi.

LB – Comment trouves-tu la stratégie SEO, coincée entre d’autres forces comme le développement et le marketing, qui ont des idées préconçues sur le référencement ?

LP – Je suis contre l’idée que le SEO soit mystique. Tout ce qu’on peut savoir, on le sait. De l’extérieur, cela peut paraître mystérieux, mais en réalité, ça dépend de l’importance du SEO dans le business de l’entreprise. Si le référencement naturel représente une part significative du business, le référenceur aura plus de poids. Il pourra plus facilement imposer certaines contraintes et travailler avec les équipes marketing. En revanche, si le SEO est une part minime du business, le référenceur fera ses recommandations et cela s’arrêtera là. C’est cynique, mais c’est ainsi que je le vois. Tout dépend si le référencement naturel est stratégique pour l’entreprise ou non.

LB – Je suis d’accord avec toi. C’est vrai que j’ai la chance d’avoir une majorité de clients déjà sensibilisés, qui ont souvent des référenceurs en interne. Donc, je suis peut-être plus à l’aise, bien que je traite aussi des cas où il faut évangéliser un peu. En règle générale, nous discuterons aussi de la situation actuelle où c’est un peu la panique dans la plupart des entreprises lorsque le site rencontre des problèmes avec Google. Mais admettons que tout aille bien, qu’il faille franchir des paliers supplémentaires.

Linking et popularisation : comment trouver de bon liens ?

LP – Ça dépend des rôles dans le SEO. Si tout va bien, que le site est propre et impeccable, le problème, c’est de chercher des liens. Le lien pour un référenceur, ce n’est pas compliqué, ça s’achète. Mais ce n’est pas ça qui fait la différence. Les vrais bons spots, c’est la presse en ligne et les influenceurs. Pour atteindre la presse en ligne, le référenceur ne sait pas faire. Ce qu’il sait, c’est la compétence d’attaché de presse. Les attachés de presse existent depuis avant le web. Google influence, c’est du marketing dans l’univers de l’opinion, un métier qui existe bien avant Internet. Donc, je suis à l’aise pour parler aux personnes du marketing, pour leur expliquer comment intégrer leurs opérations au SEO. Un attaché de presse, c’est long, mais quand il est sensibilisé au SEO, c’est plus facile. On peut lui dire : « Attends, tes journalistes là, qu’est-ce qu’ils veulent ? » En discutant, on peut trouver des opérations intéressantes pour les journalistes.

LB – Ce que j’appelle les liens protecteurs.

LP – Oui, tout ce qui fait que Google apprécie le site. Mais ce n’est pas de la compétence d’un référenceur pur et dur. Il y a sûrement des référenceurs qui savent le faire, mais en tout cas, ce sont des compétences de communication.

LB – Oui, mais on a cette similitude. Avant de faire du SEO, j’étais dans le marketing et la communication, tu sais, les visiteurs d’opinion, marketing et usage des années 90, j’étais dedans. Toi aussi, tu étais sensibilisé à la pub. En fait, on a pris le web comme un média, plus qu’une meilleure communication avant tout.

LP – Par rapport à ce que l’on faisait avant, le web a quelque chose de génial : le résultat est quantifiable. Moi, j’étais dans la communication d’entreprise, et c’était frustrant. On faisait des choses, et on ne savait pas si ça marchait. Avec le web, il y a les statistiques. On peut mesurer, c’est vrai ou ce n’est pas vrai. C’est ça qui m’a attiré dans le web.

LB – Maintenant, on parle de linking, mais avant cela, la situation actuelle, où un gros pourcentage des demandes provient de sites qui se sont fait pénaliser.

LP – Oui, j’essaie de faire quelque chose. Parfois ça paraît facile, et puis sur le terrain, je me suis fait avoir. Je pensais que c’était évident, les liens de mauvaise qualité, mais il n’y avait pas que ça. Sur des sites avec 5 ans de linking derrière, que fait-on ? On désavoue les liens, lesquels ? C’est compliqué. Il vaut mieux ne pas se faire prendre. J’anticipe dans le linking, prévoyant qu’on risque de devoir désoptimiser, enlever des liens. J’essaie de construire une campagne de linking qui intègre un éventuel besoin de correction.

LB – La meilleure solution serait de ne pas créer de lien artificiel. Il faut un site qui mérite des liens de manière organique, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Il faut quand même un site génial, car s’il n’a pas sa propre qualité, il ne tiendra pas.

Combien de sites de commerce n’ont que des liens artificiels, sans aucun lien organique ? Une plateforme de commerce, c’est un site qui n’émet pas de lien. J’en vois beaucoup de ces sites.

LP – C’est certain, mais s’ils n’ont que des liens de mauvaise qualité, ils sont soit en danger, soit ça ne pose pas de problème. C’est impossible de dire quand un site va tomber. Tout ce qu’on peut dire, c’est en général. Lorsqu’on nous demande à propos d’un site, on peut recommander de renforcer certains aspects, que ce soit en lien, en contenu sur le site ou autre, surtout si le site manque de quelque chose par rapport à ses concurrents. Dans certains secteurs, les réseaux sociaux ne sont pas pertinents. Inutile de se creuser la tête pour trouver quelque chose de différent.

Réseaux sociaux et buzz d’entreprise

LB – Tu as vu ma conférence à Toulouse l’an dernier ?

LP – Oui, pourquoi ?

LB – Certains sites n’ont rien à raconter sur les réseaux sociaux, pas de storytelling, rien de social.

LP – Ta conférence à Toulouse faisait écho à la communication des années 80, début des années 90. On communique, mais quoi ? Il faut être plus talentueux pour obtenir des réactions.

Il faut se creuser la tête, c’est sûr. Si on n’a pas la matière grise, il faut l’acheter, ce qui est très cher et sans garantie de résultat. Même une opération super bien pensée peut échouer.

LB – On monte une super opération, ça ne marche pas, puis on abandonne. Il faut s’engager dans le processus créatif. Par exemple, mon podcast a cassé tous les codes. Pas de YouTube, pas de format standard, pas d’habillage, pas de jingle, rien. Et ça a plu. Parfois, ça surprend, ce n’est pas forcément ce qu’on attend.

Mais pour cela, il faut tester et expérimenter.

LP – Tu parles de succès, mais j’ai tenté des choses qui ont échoué. Si on a un patron, après un échec, il n’est pas sûr qu’il nous écoute pour une nouvelle tentative. C’est difficile. Je suis très attaché à la façon dont fonctionnent les équipes. C’est le processus humain qui donne les résultats.

LB – C’est la règle numéro un en marketing : construire d’abord une audience. J’ai pu dire non à YouTube parce que j’avais déjà une audience. Si tu n’as pas d’audience, tu vas devoir travailler dur.

Il faut se permettre de faire des choses qu’on aime. On tente un coup sur des blogs, puis on passe à autre chose. Je n’ai pas encore réfléchi à mon prochain coup. C’est intéressant parce que tu détestes quand je clashe.

LP – Je ne suis pas fan des clashes. On parle de SEO, c’est un métier, pas un jeu. Par exemple, tu ne ferais pas ça à un collègue. C’est mal vu dans une démarche commerciale. Dans une démarche professionnelle, c’est différent. Il y a une limite. Officiellement, c’est mal, même si ça peut faire rire. Mais j’ai récupéré des clients d’autres collègues, et parfois c’est du travail bâclé. Je suis sûr que d’autres ont dû dire la même chose après moi. C’est comme un plombier qui critique le travail de son prédécesseur.

LB – Dans une prestation, c’est compliqué. Il y a toujours une part du client. Je ne dirais jamais que c’est un travail de cochon sans connaître les deux côtés. Mais quand quelque chose me fait sortir de mes gonds, c’est généralement en dehors du travail.

Comment accompagner son client en SEO ?

LP – Il y a une tendance actuelle qui m’horripile. Certains référenceurs cherchent à rendre le client dépendant. Certains sont très talentueux, mais ils ont été trompés par des clients indélicats. Maintenant, on se retrouve avec des prestataires qui cherchent à contrôler le client. Je suis du côté du client et je trouve cela inacceptable. Parfois, c’est un dilemme. Si le référenceur est bon dans mon domaine, je le veux. Mon travail est de dire qu’il n’y a pas de problème. Mais cette prise de pouvoir de certains référenceurs, que ce soit des indépendants ou des agences, je trouve ça dommage. Je ne travaille pas comme ça.

LB – Je devrais peut-être exprimer mon opinion à ce sujet. Je suis complètement d’accord, c’est tout à fait acceptable.

LP – Le client doit être maître de son projet et doit maîtriser ses actions au maximum. Si c’est important et stratégique, l’intelligence et la capacité d’action doivent être chez lui, et non confiées à un prestataire. S’il ne possède pas cette intelligence, je propose ma formation, comme toi, pour un transfert de compétences. Petit à petit, au fil des mois et des années, nous pouvons réaliser des opérations de plus en plus pointues et efficaces, en accord complet avec le client, y compris dans des discussions parfois animées sur la gestion du risque.

Mon objectif, c’est que le client maîtrise le savoir, connaisse les leviers, et ait une relation en symbiose avec un partenaire, s’il ne peut pas tout gérer en interne. Les gens qui viennent à nous ont souvent déjà une expérience, mais se sont aussi brûlé les ailes.

LB – Exactement, c’est ça ! Et après, ils peuvent être tranquilles. Parfois, on a besoin de plusieurs référenceurs, car certains sont bons dans un domaine mais moins dans un autre. Parfois, je n’arrive même pas à acheter certaines prestations. Le client, de lui-même, peut chercher les bons prestataires pour les bonnes prestations.

Il y a une tendance agaçante à compliquer les choses, à les expliquer de manière obscure pour que le client ne comprenne pas. Au lieu de simplifier et de clarifier, on rend les choses tellement compliquées que le client est perdu.

LP – Mon garagiste fait ça aussi ! Mais penses-tu que la situation s’améliore naturellement, peut-être grâce à Google ? C’était vraiment n’importe quoi, notamment le Netlinking.

Les clients sont des professionnels, ils doivent savoir acheter. S’ils ne comprennent pas, c’est leur responsabilité. Google, théoriquement, je suis d’accord, mais pratiquement, ça ne marche pas car c’est trop injuste. On voit des spammeurs ou des profils de liens suroptimisés qui restent au top.

La lutte anti-spam de Google

LB – Ma vision, c’est que Google mène une guerre psychologique. Mais ça ne fonctionne pas toujours. On voit des spammeurs réussir et des sites propres tomber. Ce n’est pas juste.

LP – Je suis d’accord ! Mais malgré cela, le Netlinking fonctionne encore, même si le risque est élevé. Il faut prévoir la chute. Les spammeurs n’ont pas attendu Google pour être pénalisés.

Mais quand on a un site de marque, on a besoin de se classer sur des requêtes génériques. Il faut alors trouver des idées pour que les blogueurs parlent de nous.

LB – J’ai des sites de plus de 10 ans qui étaient stables, mais on ne peut jamais considérer cela comme acquis. Il faut réduire la dépendance à Google, mais ce n’est pas facile car Google reste le vecteur d’acquisition le moins cher.

LP – C’est vertueux. Si on est bon en webmarketing, on est encore meilleur en SEO. Cela signifie qu’avec du trafic arrivant, on transforme en business, ce qui nécessite de l’investissement. Si on est commerçant, il faut plus de stock, plus de personnel pour les commandes, etc. C’est difficile de dire « Je vais ignorer le trafic naturel ». Le marchand doit décider de son niveau de risque. Aujourd’hui, ceux avec lesquels je travaille n’ont pas eu de problèmes, mais leurs collègues en ont. Certains clients deviennent prudents, on enlève les mots clés risqués. Aujourd’hui, c’est mieux compris. Petit à petit, les marchands s’adaptent, même sans connaître les finesses du SEO.

Les autres sources de trafic qualifié

LB – On peut transiter vers le payant, vers Adwords, qui fonctionne bien.

LP – Ce n’est pas concurrentiel, ce n’est pas pareil.

LB – Tu peux utiliser Adwords, mais il faut faire attention à ne pas se faire diminuer sa marge par une agence gourmande. Il y a des similarités entre le payant et le SEO.

LP – Avec Adwords, on présente son offre en concurrence directe. Si on n’est pas rentable là, il y a un problème. Il faut travailler pour que le SEO serve à baisser le coût d’acquisition client. Mais si on dépendait d’Adwords pour un secteur comme la cigarette électronique et que Google décide de couper, on est bloqué. On est toujours dépendant de Google. Il faut être performant, mais savoir que ça peut changer.

Mon conseil, c’est d’apprendre à maîtriser Adwords, même si c’est complexe. Comprendre au moins les principes.

LB – Et les autres vecteurs comme l’emailing ?

LP – Je ne touche pas vraiment à l’emailing. Le problème est la délivrabilité. Par contre, si c’est bien fait, ça fonctionne. Mais l’emailing, ce n’est pas ma spécialité.

– On a couvert pas mal de sujets. Qu’est-ce qui pourrait nous mettre en danger, à part Google ? Est-ce que ce sont les habitudes sur mobile ? On ne sait pas encore comment s’adapter au mobile. Les usages progressent.

LP – Aucune idée sur l’évolution technologique. L’acte d’achat sur mobile semble encore compliqué. Peut- LB être le mobile jouera un rôle dans une partie du cycle d’achat.

LB – Google est compliqué sur mobile. Ils ont moins d’espaces publicitaires que sur desktop. On ne sait pas comment ils vont évoluer. Google pourrait avoir des problèmes avec les directives européennes sur les cookies. Ils essaient de collecter des informations avec les utilisateurs connectés. Mais je ne sais pas quel est leur objectif à long terme.

Google restera un moteur de recherche, et Facebook un endroit pour poster des choses. Il y a des gens qui travaillent sur des innovations. On doit s’adapter.

Google est-il trop fort ?

LP – Google a une position de toute-puissance. Peut-être que dans deux ans, Google sera en difficulté. Toutes les grandes entreprises peuvent avoir des problèmes.

Il y a eu des entreprises plus importantes que Google qui ont chuté. Comment cela se fera-t-il ? Y aura-t-il un autre acteur qui émergera ? La recherche gardera-t-elle cette place prépondérante ? Qu’est-ce qu’on va rechercher ? C’est difficile à dire, donc je ne sais pas. De toute façon, nous aurons toujours les mêmes problèmes tant qu’il y aura des gens qui auront des choses à vendre et d’autres qui veulent les acheter. Comment mettre l’offre de ceux qui vendent sous le nez de ceux qui veulent acheter, voilà la problématique. Avec ou sans Google, nous aurons du travail.

LB – Y aura-t-il autant de réussites qu’avant ? C’était la fête, mais on avait aussi un sentiment de toute-puissance avec le moteur de recherche.

LP – Oui, mais il y a eu des échecs à la fin. Les choses ont changé. Quand on était dans cette dynamique, il y avait des discussions dans la communauté sur la compréhension de l’algorithme. De cette génération, il y a eu des gens qui ont trouvé des méthodes qui fonctionnaient, mais sans comprendre l’algorithme. Ils savaient que ça marchait, mais pas pourquoi. Qu’est-ce que Google veut au top de ses résultats ? C’est une question fondamentale. Il n’y a plus de compréhension, on se concentre sur les techniques qui marchent ou pas. Mais qu’est-ce que Google veut vraiment ? Qu’est-ce qu’est une page intéressante pour Google ? On ne se pose plus ces questions.

LB – Il y a un petit groupe qui s’intéresse à la compréhension des moteurs. Sylvain Peyronnet, par exemple, propose une formation sur le fonctionnement des moteurs.

LP – Philosophiquement, qu’est-ce que Google veut au top ? Ils ont une vision pour un monde meilleur, mais qu’est-ce que cela signifie pour les premiers résultats naturels ? C’est ça qu’il faut comprendre. Quelle page Google veut-il voir au top ? C’est difficile, mais ça mériterait plus de débats.

Certains chez Google veulent améliorer le monde, mais en face, il y a la cupidité des acteurs du web. Google a dit que « une page intéressante c’est une page populaire », mais c’est une idéologie. Ils auraient pu choisir d’autres critères. Ce n’est pas parce que c’est populaire que c’est bon, mais c’est un choix qu’ils ont fait. Quand on cherche sur des sujets pointus, il faut vraiment préciser sa recherche pour trouver des pages intéressantes qui ne sont pas en haut des résultats. Les meilleures informations sont souvent cachées, et c’est difficile à trouver.

LB – J’ai des idées que j’essaie d’appliquer, et je suis heureux quand je trouve quelqu’un d’aussi passionné pour discuter et comprendre ce que Google veut vraiment. Au-delà des techniques, c’est important de comprendre l’algorithme et ce qu’il cherche à mettre en avant.

Aujourd’hui, Google effectue ce que j’appelle le « Sanity Check », c’est-à-dire qu’ils testent des choses, mais ne veulent pas perturber ce qui existe déjà. Le défi de Google est de ne pas devenir fou avec l’évolution algorithmique. Le Big Data n’est pas simple, sinon on serait déjà dans une sorte de matrix. Ils font des expériences sur de petites zones de l’index pour quelques minutes ou alors déploient à grande échelle. Même un changement comme Panda, ça fait deux ans qu’il est en place.

LP – Google prétend classer des pages sur des thèmes, mais personne chez Google ne connaît le sujet traité. Ils pourraient dire : « C’est mauvais, ça ne fonctionne pas ». Ils auraient pu décider d’employer des experts en assurance, par exemple, pour évaluer les sites et les pages. Ils pourraient prendre de la connaissance métier pour l’injecter dans leur algorithme, mais ils ne le font pas, du moins pas à ma connaissance.

LB – Si Google devenait éditeur, on serait encore plus dans une pensée unique. Les experts ne sont pas forcément d’accord entre eux. Aujourd’hui, Google se base sur le comportement de l’internaute. S’il est content sur une page, ils la font monter. C’est une approche qui fonctionne bien, mais ça aurait pu être différent.

Un directeur de Google disait qu’ils décident de ce qui ne peut pas être parlé. Par exemple, pour la requête « Sexe », ils ont nettoyé les résultats. Mais s’ils veulent, ils peuvent donner des résultats plus spécifiques. Ils censurent et décident de ce qu’ils montrent ou non.

LP – Ce n’est pas juste, c’est arbitraire. Si on demande des choses sensibles, comment Google réagit-il ? Il y a une limite à définir, et c’est compliqué. Qui doit juger de quoi ?

Ils font des choix en fonction de leur vision du monde. Mes clients n’ont pas la même vision que Google, donc il faut se battre là-dedans.

Fin de l’échange

LP – On a couvert beaucoup de sujets. Je ne sais pas comment ça se termine d’habitude dans les podcasts.

LB – On pourrait parler toute la nuit sur d’autres sujets.

LP – C’était intéressant, je n’ai jamais fait ça, j’ai bien rigolé.

LB – Tu étais stressé, mais finalement, ce n’est pas si stressant.

LP – Je n’étais pas stressé, ça va. Je m’attendais à pire.

LB – Merci, Laurent, à bientôt !