Longtemps niée par Google, l’utilisation des données de clics comme critère de référencement est désormais démontrée. Examinons ce « ranking factor » appelé NavBoost.

Alors que la communauté SEO partageait l’hypothèse que le moteur de recherche utilisait les données de clics sur la SERP comme facteur de classement, les porte-paroles de Google refusaient de l’admettre. Mais le procès anti-trust de Google en 2023 et la Google Leak de mai 2024 ont non seulement confirmé l’existence de NavBoost, mais aussi rendu publiques certains aspects de son fonctionnement. Pour savoir comment NavBoost fonctionne, comment il influe sur le référencement et quelles leçons en tirer pour le SEO, suivez le guide !
Sommaire
Qu’est-ce que NavBoost ?
Un signal sur la pertinence des résultats de recherche
NavBoost est un algorithme de classement Google qui suit l’interaction des utilisateurs avec votre contenu dans les SERP (pages de résultats de recherche). Il envoie ensuite un signal sur la pertinence des pages affichées dans les résultats de recherche.
Plus les utilisateurs cliquent sur un résultat de recherche et interagissent de manière positive avec le contenu, plus Google considère que la page répond à l’intention de recherche, est pertinente par rapport à la requête et propose un contenu de qualité.
Un algorithme de re-ranking
NavBoost est ce qu’on appelle un « Twiddler », c’est-à-dire un algorithme qui interviendrait à posteriori du système de ranking initial (ce dernier étant probablement basé essentiellement sur la qualité du contenu et le netlinking), pour mesurer la pertinence des résultats et les ajuster.
Prenons cet article comme exemple. Imaginons qu’en tapant la requête “NavBoost définition” cet article se positionne, dès sa publication, en 12e position dans les résultats de recherche. Plus les internautes cliquent sur le résultat et, une fois sur cette page, interagissent avec le contenu (scroll, temps passé, clics…), plus Google va considérer que cette page répond bien à leur intention de recherche, est de bonne qualité et est pertinente pour la requête “NavBoost définition”. Face à ce signal positif, Google attribue un “boost de navigation” faisant remonter l’article dans la SERP.
Quelle est l’importance de NavBoost pour le SEO ?
Selon le témoignage de Pendu Nayak (vice-président du Search chez Google), l’existence de NavBoost date d’avant 2005. Il s’agirait de l’un des signaux de classement les plus forts de Google.

Le poids majeur de NavBoost dans les critères de ranking est également confirmé par un e-mail d’Alexander Grushetsky, vice-président de Google, datant de 2019 et révélé comme pièce à conviction au cours du procès.

Traduction : « Et nous savons déjà qu’un signal peut être plus puissant que l’ensemble du système pour une mesure donnée. Par exemple, je suis presque sûr que NavBoost seul était ou est plus performant sur les clics (et probablement même sur les métriques de précision / d’utilité) que le reste du classement (d’ailleurs, les ingénieurs en dehors de l’équipe de NavBoost n’étaient pas non plus pas contents de la puissance de NavBoost, et du fait qu’il « volait des victoires »). »
Les informations révélées par la « Google Leak » de mai 2024 viennent à nouveau confirmer le poids de NavBoost. En effet, on compte plus de 80 mentions de NavBoost au sein de la documentation technique sur le fonctionnement de Google Search. Elle référence de nombreux attributs qui prouvent que les données de comportement sur la SERP et post clic (une fois sur la page web) sont utilisées par NavBoost pour évaluer la pertinence des résultats de recherche.
Comment fonctionne NavBoost ?
En combinant le témoignage de Pendu Nayak et une recherche parmi les brevets Google et les informations de la Google Leak, voici ce que l’on sait ou devine du fonctionnement de NavBoost :
Collecte des données comportementales
Lorsque les utilisateurs effectuent des recherches, Google leur propose des pages qui, selon lui, correspondent le mieux à leur intention de recherche. NavBoost intervient dès qu’un utilisateur clique sur la SERP, en suivant la manière dont il interagit avec les listes des résultats.

On ne connait pas précisément le fonctionnement de l’algorithme, mais on peut supposer que la pertinence d’une page est liée :
- Au nombre de clics qu’elle reçoit par rapport au nombre d’impressions (CTR).
- À l’engagement de l’utilisateur – démontré par le fait qu’il reste sur la page sur laquelle il a cliqué (ou au contraire, son désengagement s’il retourne immédiatement sur la SERP pour consulter d’autres résultats).
NavBoost agrège ces données comportementales et les compare aux données collectées au cours des 13 mois précédents.
Ajuster l’ordre des résultats en fonction de la géolocalisation et du device utilisé
Pour améliorer la pertinence des résultats, NavBoost utilise la géolocalisation des utilisateurs. On peut imaginer que les données de clics sont ainsi délimitées géographiquement, en prenant en compte le pays et même la localisation de l’utilisateur au moment de sa recherche. L’objectif étant de proposer des listes d’agences SEO différentes à des utilisateurs se trouvant à Toulouse ou Paris, mais ayant tapé une requête identique : “agence SEO”.
NavBoost prendrait également en compte le type d’appareil utilisé pour une recherche (desktop vs mobile, iOS vs Android). Toujours en vue d’améliorer la pertinence des résultats, on suppose que pour une même requête le résultat Google Map apparaîtra plus haut sur mobile, ou qu’un résultat de l’AppStore se positionnera avant avant un résultat PlayStore pour un utilisateur d’iPhone.
Application d’un boost ou d’une pénalité
Les algorithmes créent un signal de classement et l’appliquent aux SERP afin d’améliorer l’expérience de recherche future. Google récompense, “booste” les pages qu’il juge pertinentes en augmentant leur classement, tandis que les pages qui ne semblent pas satisfaire les utilisateurs voient leur position dégradée.
La volatilité des SERP tend à confirmer ces suppositions. Elle serait pour partie due à des tests de NavBoost (faire passer un résultat dans le top 10 pendant une semaine pour récolter des données de clics) et/ou aux récompenses et pénalités qu’il attribue aux résultats de recherche.
NavBoost vs Glue : quelles différences ?
Si vous vous plongez dans la littérature sur le fonctionnement de NavBoost, vous rencontrerez le terme « Glue ». NavBoost et Glue sont deux composantes de l’analyse comportementale de l’algorithme de ranking. NavBoost se concentre sur les clics des utilisateurs dans les SERP, tandis que Glue analyse les interactions avec d’autres éléments de la page de résultats. Il peut s’agir de la profondeur de défilement, du survol de la souris, le défilement d’un carrousel de produits ou le développement de la rubrique « People Also Ask ».
Impact de NavBoost sur le référencement naturel
L’essentiel à retenir pour le SEO
Les clics sur votre contenu et la manière dont les utilisateurs interagissent avec votre site web sont importants. Ces interactions montrent si votre contenu est utile et s’il répond à la requête.
Mais avant de devenir obsédé du taux de clic ou de vous lancer à la recherche de manipulateurs de CTR, rappelons tout de même que le fonctionnement de NavBoost vient confirmer les bonnes pratiques SEO ou de SXO (combinaison d’UX et SEO) connues depuis longtemps.
Autrement dit : si votre site est rapide, facile à utiliser et que votre contenu est utile, agréable à lire et répond à l’intention de recherche, vous encouragez déjà les clics et l’engagement.
Au fond, c’est assez logique. Google cherche à garder le monopole de la recherche. Pour cela, il doit rester le moteur le plus pertinent – c’est à dire, qui satisfait le plus les internautes. Il mesure donc la satisfaction des utilisateurs à travers leur comportement, et adapte son classement en fonction des résultats.
Comment optimiser votre site pour NavBoost ?
Soignez votre apparence dans la SERP pour optimiser le CTR
- Balises Meta Title et Description : rédigez des titres et des descriptions clairs et concis qui reflètent le contenu de la page et incitent au clic… Mais sans être déceptifs pour éviter le pogosticking (un retour immédiat aux résultats de recherche).
- Structure de l’URL : utilisez une structure d’URL descriptive qui indique aux internautes où ils vont atterrir sur votre site.
- Rich Snippets : ajoutez des micro-données pour permettre l’affichage de détails supplémentaires dans la SERP. Images, vidéos, évaluations par étoiles, sitelinks, prix, etc. participent à attirer l’attention de l’internaute sur votre contenu et favorisent le clic.
- CTR : monitorez régulièrement le taux de clic, et plus particulièrement celui de vos pages les plus importantes en termes de trafic et/ou de business. Repérez les incohérences entre les volumes de recherche, d’impressions, de clics et le positionnement dans la SERP.
Optimisez la performance
- Surveillez la performance de votre site à l’aide de PageSpeed Insights et/ou d’autres outils.
- Réduisez les temps de chargement des pages si besoin.
- Faites les ajustements nécessaires pour valider les Core Web Vitals.
Soignez votre UX…
- Mobile first : est-il encore besoin de le rappeler ? Votre site doit être adapté au format mobile.
- Arborescence : créez une structure de site logique, qui respecte les standards du web et facilite la navigation.
- Pensez CRO (optimisation du taux de conversion) : avec un parcours client clair, aiguillé par des CTA (Call To Action) visibles et facilement identifiables.
- Utilisez popup et publicités avec parcimonie pour éviter de faire fuir l’internaute exigeant.
… et votre SXO
- Regroupez le contenu en catégories et sous-catégories pour aider les utilisateurs à trouver les informations pertinentes tout en opérant des regroupement sémantiques.
- Balises hn : utilisez une structure hiérarchique qui permet aux utilisateurs de passer d’informations importantes et de haut niveau à un contenu plus détaillé.
- Utilisez le fil d’Ariane pour montrer aux utilisateurs où ils se trouvent dans la hiérarchie de votre site.
- Liez vos contenus entre eux pour favoriser les interactions avec vos pages.
Produisez du contenu de qualité
- Qui répond à l’intention de recherche.
- Structuré.
- Agréable à lire.
- Documenté.
- Utilisant des types de contenus variés (texte, image, vidéo, etc.).
- Etc.
Conclusion
Finalement, les découvertes réalisées sur NavBoost à travers le procès anti-trust et la Google Leak constituent davantage une confirmation de théories SEO déjà largement partagées qu’une véritable révolution au niveau des pratiques. Cela n’en amoindri pas la portée : le SEO, science inexacte par excellence, et ses théoriciens y gagnent en crédibilité face au géant du Search.
Les révélations constituent une preuve que les porte-paroles de Google ne disent pas toujours la vérité, voire mentent ouvertement lorsque les référenceurs les interrogent de manière directe sur le fonctionnement de l’algorithme. Autrement dit, la méfiance (voir la paranoïa) des professionnels du SEO face aux déclarations du moteur de recherche en ressort renforcée.
Reste à savoir si ces révélations vont inciter Google à davantage de transparence auprès de la communauté SEO, ou au contraire à un repli et des communications officielles encore moins claires et précises que par le passé SEO.
Contrairement aux idées reçues, le fonctionnement de Google peut être étudié en observant ses différents algorithmes et en étudiant ses mises à jour. Pour en savoir plus :
- Le fonctionnement du PageRank
- L’algorithme du surfeur aléatoire
- Crawl : quand Google explore le web
- RankBrain et les progrès de Google en intelligence artificielle
- BERT : quand Google essaye de comprendre le langage naturel
- Les données de navigation récupérées par NavBoost
- Google Pigeon et le référencement local
Retrouvez les meilleures définitions dans le glossaire SEO de La Mandrette !

L’auteur : Marianne Gutierrez, consultante webmarketing indépendante et experte SEO, s’appuie sur ses masters (TBS et IEP Toulouse) et ses années d’expérience pour accompagner certains clients de La Mandrette dans la mise en place des recommandations SEO.